Experimentation pédagogique

Dans le cadre du Projet Wikipatrimoine, deux expérimentations pédagogiques ont été réalisées : la première porte sur les collections de la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) ; la deuxième, toujours en collaboration avec la BDIC, porte sur les contenus du projet Wikipatrimoine et notamment sur le cadre théorique des sciences participatives.

 

1_Expérimentation pédagogique avec la BDIC

Seule institution en France à collecter et conserver des fonds sur toute l’histoire du XXe et du XXIe siècle, la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) est autant réputée pour la richesse de ses fonds dans le domaine de l’histoire européenne et des relations internationales que pour la composition, tout à fait originale, de ses collections. En plus des 3 millions de documents multi-supports en langues française et étrangère (livres et périodiques, archives écrites et audiovisuelles) consultables sur le site de Nanterre, sont en effet rassemblés aux Invalides, à Paris, des œuvres d’art, des photographies, des affiches, des dessins de presse et des objets, soit près de 1,5 million de documents iconographiques.

La BDIC naît en 1917 du don à l’État d’une collection privée exceptionnelle, rassemblant dès 1914 tous les documents relatifs à la Première Guerre mondiale. La collecte effectuée n’établissant pas de discrimination entre l’imprimé et l’image, ni entre les langues et les provenances, la BDIC se trouve dotée d’un fonds d’une grande diversité qui en fait, aujourd’hui encore, l’une des toutes premières collections en Europe sur ce conflit. Aujourd’hui la bibliothèque, rattachée à l’Université Paris Nanterre et membre fondateur du laboratoire d’excellence Les passés dans le présent, conduit de nombreux programmes sur les thèmes de la mémoire, de l’histoire et du patrimoine : accueillant des chercheurs de tous horizons, français et étrangers, l’établissement renforce ainsi sa vocation de médiation entre la recherche scientifique et le grand public.

Dans ce cadre de valorisation des collections et d’élargissement des publics, pendant l’année académique 2017-2018 la BDIC et le Département d’Information-Communication de l’Université de Paris Nanterre ont mis en place, sous la supervision de Valérie Tesnière, Directrice de la BDIC, et de Marta Severo, Responsable du Projet Wikipatrimoine, des projets de collaboration didactique, au niveau de la Licence comme à celui du Master.

 

Cours « Initiation à l’archivistique » (L3 Information-Communication – Responsable du cours : F. Filipponi)

Toute une partie du cours « Initiation à l’archivistique » a été dédiée à l’analyse des collections documentaires de la BDIC, notamment celles consacrées à la Révolution Russe. L’exposition Et 1917 devient Révolution…, organisée par la BDIC à l’occasion du centenaire de la Révolution, a fourni un modèle de travail aux étudiants pour l’analyse d’une sélection de documents et d’archives conservés à la BDIC. Il s’agit de documents toujours concernant la Révolution, mais qui n’ont pas été retenus pour l’exposition : les étudiants – en groupes de trois et tout en s’appuyant sur des outils mis à disposition par la BDIC, tel que le catalogue de l’exposition, le dossier de presse et le livret pédagogique – sont appelés à effectuer une analyse des documents proposés, à rendre compte, sur la base de ces matériaux, de l’exposition Et 1917 devient Révolution…, à évoquer les richesses des collections de la BDIC, ainsi qu’à inciter des publics variés (élèves de collège et lycées, touristes, professionnels du tourisme, enseignants, étudiants, grand public) à connaitre les collections de la BDIC.

Le cours a été organisé en trois parties. Une première partie théorique est orientée à donner les bases de la discipline archivistique. Une deuxième partie est constituée par une série de visites et conférences publiques visant à montrer les différentes possibilités d’exploitations des documents d’archives dans des contextes de travail variés. Ces visites – au Musée du Louvre, aux Archives départementales des Hauts-de-Seine, au Musée de l’Armée aux Invalides – ainsi que les conférences – journées d’étude sur les données ouvertes culturelles, rencontre avec Emmanuel Ostian, journaliste, et Jackie Buet, Directrice du Festival International de Films de Femmes – ont été organisées dans la double perspective des cours en « Archivistique » et en « Image et information » et ont permis des regards croisés et interdisciplinaires sur les problématiques liées à ces deux disciplines. Les travaux dirigés sur les documents de la BDIC constituent la troisième partie, pratique, du cours. Ces TD sont réalisés dans les locaux de la Bibliothèque, avec le soutien scientifique de Frédérique Baron, responsable de la formation et de l’action culturelle de la Bibliothèque.

 

Cours « Image et information » (L3 Information-Communication – Responsable du cours : F. Filipponi)

Les documents conservés auprès de la Bibliothèque de Documentation ont fait l’objet aussi d’une analyse, d’un point de vue différent, dans le cadre du cours « Image et information ». Dans ce contexte une sélection de documents iconographiques, concernant toujours le fond russe de la BDIC, notamment photographies et affiches de la Révolution, a été étudiée en tant qu’objet visuel, en posant l’accent sur les possibilités de lecture des images, sur leur valeur documentaire, ainsi que sur les possibilités d’exploiter ces ressources à l’ère numérique grâce à la numérisation, à l’ouverte de données avec la licence Etalab, à la mise en ligne et à la libre circulation des images dans le réseau internet. Les étudiants, organisés en groupes de deux personnes, ont été invités à étudier la circulation d’une image numérique sur le Net, en suivant la méthodologie proposée par Lionel Maurel et Josselin Morvan à propos de l’étude de la diffusion des Albums Valois de la BDIC.

 

Cours « Conception, projet web » (L3 Information-Communication – Responsable du cours : C. Payeur)

Dans le cadre du cours « Conception, projet web », les étudiants de la licence apprennent à rédiger et  respecter un cahier de charge pour la réalisation d’un site web simple en HTML. Cette année, la thématique du site web sera en lien avec l’exposition Et 1917 devient Révolution… et plus particulièrement avec le travail de réflexion réalisé dans le cours d’initiation à l’archiviste. À partir des documents de la BDIC, les étudiants  devront trouver d’autres ressources en ligne pour enrichir leurs sites web.

 

Cours « Intégration, éditorialisation et partage des informations » (M1 CRDM Communication Rédactionnelle Dédiée au Multimédia – Responsable : Chloé Girard)

Ce cours vise à tracer les liens entre l’intégration de l’information (structuration, hébergement), son éditorialisation (c’est-à-dire ses modalités de publication et de mémorisation), ainsi que son partage (déclinaison vers d’autres lieux, modes et outils de diffusion). Les étudiants ont pris pour objet d’analyse le site Cartable numérique de la BDIC avec pour objectif de proposer à celle-ci des pistes de ré éditorialisation. La BDIC souhaite en effet mieux toucher son public d’élèves et de professeurs du secondaire, en lecture aussi bien qu’en création collaborative de contenus. En fin de semestre les étudiants présenteront à la BDIC la carte heuristique du Cartable numérique bâtie et annotée pendant le cours et développeront pour les trois nœuds concernés leurs suggestions de corrections et d’évolutions.

 

2_Sciences participatives et pratiques amateurs

Bien que les sciences participatives aient une longue histoire et aient reçu une reconnaissance internationale depuis au moins vingt ans, l’intérêt des institutions françaises pour cette nouvelle manière de produire des connaissances « par le bas » est très récent. En 2016, François Houiller publie un rapport faisant le point sur ces initiatives qui définit les sciences participatives « comme les formes de production de connaissances scientifiques auxquelles des acteurs non scientifiques-professionnels, qu’il s’agisse d’individus ou de groupes, participent de façon active et délibérée ». Le texte fait un état de l’art des projets déjà développés en France et propose des recommandations pour les institutions qui veulent se lancer sur ce nouveau terrain.

Cependant, il faut considérer que la figure de l’amateur joue un rôle important dans la construction collaborative des savoirs dans les contextes culturels, et ce, bien avant l’émergence des sciences participatives. Ces dernières années, le développement des technologies numériques a réactivé la figure de l’amateur. Face à cette nouvelle donne, les institutions culturelles ont porté un intérêt croissant à la création de démarches participatives et au rôle qu’y pourrait jouer le numérique. Leur préoccupation est non seulement de mieux comprendre ces phénomènes de construction collaborative de savoirs, mais surtout d’orienter l’énergie et l’enthousiasme des amateurs vers l’enceint des musées, archives, bibliothèques, théâtres, etc. (ex. rapport Chevrefils-Desbiolles 2012).

En profitant de ce moment historique, le Département d’Information-Communication de l’Université de Paris Nanterre, en collaboration avec la BDIC, a mis en place plusieurs expérimentations pédagogiques autour des sciences participatives et de la culture amateur. Ces expérimentations ont trois objectifs :

  • présenter aux étudiants les approches théoriques liées aux pratiques participatives, en soulignant la différence entre l’approche des sciences participatives et celle de la culture amateur ;
  • présenter du point de vue théorique et pratique les nouveaux enjeux liés à la construction et aux usages des plateformes contributives numériques ;
  • montrer l’impact de ces phénomènes sur l’évolution des métiers de l’information et communication.

 

Cours « Document, Information, Données » (L3 Information-Communication + Option Information-Communication de la L3 Humanités – responsable du cours : M. Severo)

Après une introduction théorique autour des sciences participatives et des pratiques amateurs, les étudiants, organisés en groupe, choisissent une plateforme numérique contributive et l’analysent en identifiant le modèle politique de collaboration sous-entendu au dispositif numérique. Chaque groupe prépare un exposé et rédige une fiche de synthèse. Entre les cas analysés, nous pouvons mentionner plusieurs projets en relation avec le Labex Les passés dans le présent et de la COMUE Université Paris Lumière : le cartable numérique de la BDIC (http://cartablevirtuel.parisnanterre.fr/), le projet PCILAb (inventaire français du patrimoine culturel immatériel, https://www.pci-lab.fr/  ), le blog contributif des des archives nationales (https://archivnat.hypotheses.org/), le wiki écossais du patrimoine culturel immatériel (Wiki ICH Scotland http://ichscotland.org/), l’initiative Museomix (http://www.museomix.org/).

 

Cours « Pratiques des dispositifs médiatiques » (M1 CRDM Communication Rédactionnelle Dédiée au Multimédia – Responsable du cours : M. Severo)

Ce cours vise à présenter aux étudiants les différentes méthodologies d’analyse d’un dispositif web et notamment les techniques ethnographiques d’étude des usages. Ensuite, les étudiants mettront en pratique ces techniques dans un cas d’étude. Les cas d’étude sélectionnés visent à faire réfléchir les étudiants à propos des pratiques des plateformes interactives. Parmi les cas proposés, il y a l’Argonnaute de la BDIC et le site PCILab.

 

Cours « Stratégie du Contenu numérique » (M2 CRDM Communication Rédactionnelle Dédiée au Multimédia – Responsable du cours : M. Severo)

Les étudiants de M2 CRDM participeront à une véritable simulation professionnelle en collaboration avec l’équipe du projet ANR POP PART et de l’association LePoleS (http://lepoles.org/). Dans le cadre de ce projet ANR qui vise à étudier les représentations des jeunes des quartiers populaires à travers la mise en place d’une méthodologie participative, il est également prévu la construction d’une plateforme contributive numérique qui permettra aux jeunes de s’exprimer pendant les ateliers participatifs. Les étudiants du Département Information-Communication contribueront activement à la définition de la plateforme : d’abord, en étudiant les pratiques numériques des jeunes ; ensuite, déclinant un projet de site web à partir d’un cahier de charges qui sera leurs proposé. Particulière attention sera dédiée au développement du protocole contributif de la plateforme.